A QUOI PENSE LES ABEILLES AU PRINTEMPS ?
Pour les colonies d'abeilles mellifera, l'essaimage est seule et unique la façon de perpétuer l'espèce naturellement. Un besoin de renouveau s'impose dans la ruche. La communauté des abeilles décide de créer une nouvelle reine, l'ancienne ayant moins de phéromones est devenue moins performante.
L’essaimage se déroule pratiquement toujours par beau temps et toujours vers 12 heures / 14 heures quand le Soleil est au zénith.
Une vingtaine de jour plus tard, la nouvelle reine est fécondée. La reine mère est priée de se diriger vers la sortie. Dans une agitation furieuse, l'essaim s'élève en un tourbillon et précipite la vieille reine accompagnée d'environ 40 000 abeilles hors de la ruche vers un nouveau lieu. En attendant que toutes les abeilles soient réunies et que les éclaireuses partent à la recherche de ce nouveau logis, une halte sécurisante s’impose. Une branche, un petit rameau peuvent leur plaire mais quelquefois le sol avec des ronces leur offre abri sécurisé. L'abeille a pas mal de prédateurs. Le plus spectaculaire étant une sorte de buse, certainement la bondrée apivore, capable de repérer un essaim de guèpes ou d'abeilles en volant à une vingtaine de mètres du sol, à la cime des arbres. L'an dernier, j'ai eu la surprise de voir fondre sur moi une bondrée. J'ai remarqué qu'elle ne supporte pas la tenue blanche d'apiculteur et n'hésite à intimider par des attaques en piqué au mois de juillet. Son envergure était d'environ de 1.50 M. Peut-être viendra elle à attaquer les frelons asiatiques ? Il y a un grand nid dans un hêtre à 80 mètres des ruches.
C'est à ce moment précis que doit intervenir l'apiculteur pour "cueillir" l'essaim. Les abeilles sont gorgées de miel, accrochées par leurs jambes les une aux autres, forment une grappe solidaire, autour de la reine qui est au centre. Le peloton est bourdonnant et communique intensément, prêt à immigrer vers le lieu choisi par la communauté. La ruche quittée parait vide, mais, les butineuses sont toutes dehors pour collecter nectars et pollens.
C'est très simple que d’inciter un essaim, posé à terre ou dans des ronces à s’approprier une nouvelle ruche.
Dans le cas présent, une ancienne étagère a servi de socle permettant ainsi d’encadrer l’essaim dans sa totalité. Puis, une ruche sans plancher, fournie de neuf cadres de cire gaufrée et d’un seul cadre de cire étirée, est posée directement dessus de l'étagère. Un peu de miel est appliqué sur le haut des cadres. Une heure après les abeilles ont investi la ruche proposée.
Deux jours plus tard, la ruche sera déplacée, devant, à quelques mètres avec son plancher habituel.
Il est aussi possible de l'amener dans un autre endroit. Dans ce cas, il est impératif de fermer l’entrée de la ruche car les abeilles ont géolocalisé le lieu où elles se sont posées la premiere fois. Avec l’effet des phéromones et leur repérage, elles y reviendront instantanément, et, dans le cas présent, se reposeront dans les ronces.
Les abeilles ont un fabuleux instinct de survie. Après l'essaimage, elles s’avèrent extrêmement actives dans la construction de leur nouvelle ruche. Le lendemain matin, j’ai vérifié l'état des cadres et une feuille de cire s’était décrochée de l’un d’eux. Elles avaient déjà construit un début de gâteau de cire avec déjà du miel !
Le soir, j'ai controlé le cadre de cire étirée : la reine avait pondu partout.
Pour contrôler l'essaimage, j'ai divisé deux ruches. L'une, par la seule journée de beau temps le 20 Avril dernier, et l'autre le 5 Mai. Comme pour tous les êtres vivants, l'environnement et l'exposition des habitats sont essentiels pour la survie et l'épanouissement. J'essaye toujours d'installer et d'orienter mes ruches dans un endroit dégagé soit soleil levant, soit au zenith ou au couchant, jamais dans des orientations intermediaires. Le choix des positions influencent la vie des abeilles et les differences de comportements sont remarquables en ce qui concerne la sélection des nectars récoltés.
Offrir un beau coucher de soleil est magnifique. Mais ce choix, permettra aussi à cette ruche de travailler très tard l'été et l'automne. L'abeille est une travailleuse hors norme, stakhanoviste programmée, elle travaillera pour la survie de sa colonie.